Ces technologies de « geocaging » qui contribuent au positionnement et l’autonomie des drones pyrotechniques de Groupe F !
Crédit photo : Nicolas Chavance / Groupe F
Étienne, que représente cette photo ?
Étienne Compain (Groupe F) : Nous apercevons sur cette photo 1 400 petits drones, et onze drones gros porteurs équipés de moyens pyrotechniques, à savoir six Matrice 600 et cinq Matrice 300. Ils évoluent en plein centre de la rade de Genève, en Suisse, à 900 mètres de la zone de décollage et situés à une centaine de mètres du célèbre jet d’eau de Genève, qui culmine à 140 mètres. Le dernier drone opère, quant à lui, à quelque 500 mètres d’altitude !
Ce spectacle s’inscrivait dans le programme des animations « Feu ô Lac » de mai 2023 devant un public de 800 000 personnes sur trois jours. Il s’agissait tout simplement du plus grand show drones d’Europe, et de loin ! Le spectacle a mobilisé 86 personnes sur place pendant quinze jours et était le produit de deux mois de conception et six mois de production ! De plus, le show était synonyme de nombreuses premières européennes : c’était la première fois qu’autant de drones volaient simultanément dans le même espace et la première fois que des drones pyrotechniques gros porteurs volaient ainsi en flotte quasi-autonome.
Quels sont les défis techniques et les contraintes associés à un tel spectacle, et comment les relever ?
Étienne Compain (Groupe F) : Le défi le plus complexe était tout simplement de faire voler ces drones gros-porteurs en flotte au-dessus du lac de nuit avec de la pyrotechnie sans pilotage manuel à proximité d’un public, avec synchronisation time-code… à 500 mètres de haut ! Nous n’avions aucune solution de sécurité qui permettait de le faire, nous nous sommes donc tournés vers la solution ScaleFlyt Geocaging de Thales comme moyen de maintenir les drones dans leur zone d’évolution sans aide extérieure, c’est-à-dire une solution complètement autonome sur les drones, le tout couplé au système coupe circuit Zephyr-CC de Dronavia.
Revivez l'événement en vidéo :
Pourquoi cet exemple est-il un cas d’école de l’utilisation du geocaging ?
Paul de Courcel (Thales) : Thales a conçu ScaleFlyt Geocaging pour protéger les personnes et les biens autour des operations de drone. Cela est fait habituellement manuellement, avec une télécommande dédiée par drone. Dans le cas de Groupe F, cela est évidemment impossible à cause du nombre de drones et de l’obscurité. Cela, Étienne l’a parfaitement compris quand il a eu vent de ce produit. Après avoir contacté Thales, nous l’avons rencontré très rapidement. Cette rencontre a permis de confirmer sa vision du produit, et nous avons alors rapidement associé Dronavia à nos discussions pour créer un produit associant ScaleFlyt Geocaging et le coupe circuit Zephyr-CC. Cette collaboration a pris la forme d’une réunion au moins mensuelle, tous les trois, toujours centrée sur l’objectif de pouvoir fournir à Groupe F la solution dont ils avaient besoin.
Ludovic, pouvez-vous nous en dire plus sur la complémentarité avec le coupe circuit Zephyr-CC ?
Ludovic Pelletey (Dronavia) : En effet, nous sommes intervenus sur la fourniture de ce qu’on appelle le Flight Termination System (FTS), en proposant à Groupe F nos accessoires qui intègrent la fonction geocaging. Cette capacité geocaging donne ainsi une indication sur la position du drone et émet un ordre de coupure au FTS en cas d’approche de la limite de zone d’action. Dans ce cas de figure, le système de terminaison de vol pouvait intervenir pour arrêter les moteurs des drones si un drone venait à échapper au contrôle du programme du show automatique et des télépilotes qui étaient présents en cas d’avarie. La solution de terminaison de vol que nous proposons, Zephyr-CC, est adaptée aux Matrice 300 et Matrice 600 utilisés sur le show, et intègre donc la solution ScaleFlyt Geocaging de Thales.
Paul de Courcel (Thales) : L’automatisation de la coupure moteur s’articule autour d’un système complètement indépendant du contrôleur de vol et ayant un système de positionnement indépendant de ce dernier. Ce système est idéal pour des operations où au moins l’un des critères suivants est rempli : drone non visible distinctement, besoin de temps de réaction court (pour minimiser la taille des buffers d’urgence), plusieurs drones. Groupe F, avec ses operations, remplit tous ces critères !
Crédits photos : Anthony Rosier (haut), Nicolas Chavance (bas) / Groupe F
Quels ont été les retours suite à ce grand show à Genève ?
Étienne Compain (Groupe F) : Le public sur place a non seulement été très impressionné par l’échelle du spectacle (900 mètres d’envergure), mais a aussi apprécié la dimension artistique des tableaux, notamment la rencontre sur le lac Léman de l’historique barque Neptune et de « notre » Neptune formée par des drones ! De nombreux professionnels de l’événementiel et de l’audiovisuel étaient également présents pour découvrir le show et là aussi les retours ont été excellents.
Enfin, ce spectacle était un tour de force pour Groupe F nous permettant de nous démarquer et de montrer ce qu’il est possible de faire en Europe tout en respectant la règlementation européenne et les conditions de sécurité. Nous préparons désormais un beau spectacle dans les jardins du château de Versailles (le 15 août 2023) puis avons des projets intéressants à venir en 2024 ailleurs en Europe.
Quelles sont les perspectives pour le partenariat entre ces acteurs ?
Ludovic Pelletey (Dronavia) : Le rendez-vous de Genève était le début d’une belle aventure à trois avec de beaux défis à relever. Cette fonctionnalité de geocaging est aujourd’hui appelée à se développer dans d’autres secteurs avec d’autres collaborations possibles voire déjà en cours : pour des drones agricoles où l’opérateur est loin de son appareil ; la surveillance de sites avec un opérateur hors-site ; ou encore la logistique liée aux livraisons longue distance dans des couloirs de vol prédéfinis… Nous maitrisons la solution et les technologies qui sont sécurisées, et grâce aux « proofs of concept » tels que l’exemple de Groupe F, nous « débloquons » des cas d’usage qui, auparavant, n’auraient pas été envisageables !
Paul de Courcel (Thales) : Et chez Thales nous sommes ravis de continuer à contribuer à ces avancées avec notre produit ScaleFlyt Geocaging, main dans la main avec nos partenaires.